Desman des Pyrénées – Truites : même combat
Connaissez-vous le Desman ?
Décrit pour la première fois en 1811, le Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus) ou rat-trompette, est un petit mammifère insectivore semi-aquatique d’environ 25 cm de long, dont plus de la moitié pour la queue, pour un poids de 50 à 60 g. C’est un « cousin » très éloigné de la taupe qui possède, comme chez l’éléphant, une véritable trompe mobile et préhensile pourvue d’organes tactiles. Parfaitement adapté à la nage, il possède un corps et une tête allongée, des pattes palmées, une queue écailleuse très longue qui lui sert de gouvernail et une fourrure épaisse et imperméable qui le protège de l’eau et du froid. Il se nourrit de larves d’invertébrés benthiques trichoptères, plécoptères et éphéméroptères essentiellement) et gîte dans des cavités des berges. Son espérance de vie est estimée entre 3 et 4 ans. Mais d’une manière générale il demeure encore très mal connu, notamment au niveau de sa biologie et de son écologie
Où peut-on le rencontrer ?
Le Desman des Pyrénées est endémique du quart nord-ouest de la péninsule ibérique et du massif pyrénéen. En France, il est présent du niveau de la mer jusqu’à 2700 m d’altitude. On le rencontre dans l’ensemble des départements pyrénéens (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, partie sud de la Haute-Garonne et de l’Ariège, partie sud de l’Aude et des Pyrénées-Orientales), ainsi qu’au niveau de presque tous les bassins hydrographiques pyrénéens où il peuple les cours d’eau et les lacs jusqu’à haute.
Sa répartition est associée à celle de la truite avec laquelle il partage le même biotope. Son régime alimentaire très spécialisé fait que le Desman est très sensible à toute modification du milieu. Là aussi, un rapprochement avec la truite existe.
Aujourd’hui, tous les spécialistes font le constat d’une diminution de son aire de répartition (de 60% en 20 ans) due la dégradation et l’altération de ses habitats et de ses proies. Ce déclin est essentiellement lié aux activités humaines et notamment celles qui entraînent une perturbation des débits des cours d’eau et une modification du milieu : destruction des berges, ouvrages hydroélectriques ou hydrauliques, bétonnage des rives, piétinement des cours d’eaux par des loisirs sportives concentrées, pollutions diverses, etc.
Un animal hautement protégé…
En France, le Desman des Pyrénées, ainsi que ses aires de repos et de reproduction, sont protégés au titre de l’article L. 411-1 du Code de l’Environnement par l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire métropolitain et les modalités de leur protection (JORF n°108 du 10 mai 2007). Outre l’interdiction de sa destruction, sa mutilation, sa capture ou enlèvement, sa perturbation intentionnelle, de décret stipule également l’interdiction de détruire, d’altérer ou de dégrader ses sites de reproduction ou ses aires de repos, utilisés ou utilisables, et nécessaires au bon accomplissement de ses cycles biologiques.
Au niveau européen, il figure à l’annexe II de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel et est donc strictement protégé. Il est également inscrit aux annexes II et IV de la Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 modifiée par la directive 97/62/CEE concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages.
En 2008, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) mentionne le Desman des Pyrénées en tant que « Vulnérable » (VU) dans la liste rouge mondiale des espèces menacées de disparition.
En 2014, un programme de Conservation des populations de Desman des Pyrénées et de ses habitats dans les Pyrénées françaises, le projet LIFE+, a été mis en place. Coordonner par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Midi-Pyrénées (CNE), ce projet associe six partenaires (FRNC, PNR des Pyrénées Catalanes, Fédération Aude Claire, ANA, PNP et LPO) et s’appuiera sur de nombreux gestionnaires des milieux aquatiques et scientifiques. Il se propose d’améliorer de façon pérenne et démonstrative le statut de conservation du Desman des Pyrénées sur 11 sites Natura 2000, et à plus long terme à l’échelle des Pyrénées.
Le Desman des Pyrénées est donc un atout majeur pour la protection des milieux aquatiques, et notamment de pour la protection des rivières à salmonidés dont il partage le biotope.
Sources :