Les Fous de toc se lâchent…Gilles Coltro

Les Fous de toc se lâchent…Gilles Coltro

Gilles Coltro 

Comment créer un accès à la rivière ?

L’histoire se déroule en 1988, l’année du Baccalauréat pour Pascal et moi.
Tous deux néophytes dans la pratique de la pêche au toc, nous décidons de passer quelques jours au bord de l’eau. L’Ami 8 de Pascal chargée à bloc, nous partons direction Milhas dans le 31 où sa tante nous prête sa maisonnette, située à environ un kilomètre en amont du village, à quelques mètres du chant du Rossignol (le ruisseau, pas l’oiseau !), ce magnifique cours d’eau école qui nous accompagnera tout au long de notre apprentissage, nous dévoilant petit à petit tous ses trésors.
Notre première soirée se termine près du feu de cheminée après un bon cassoulet arrosé d’un Cabernet d’Anjou, ce plat qui deviendra par la suite le traditionnel repas « mascotte » de chaque veille d’ouverture et de fermeture (je vous avoue que depuis, nous avons remplacé le Cabernet d’Anjou par un vin plus approprié !). 
Il est convenu que nous irons le lendemain matin taquiner les truites du Ger, la « grande rivière » pour nous débutants… 
Après une courte nuit bercée par le ronronnement du ruisseau, nous partons à la fraîche en amont de Sengouagnet et garons la voiture près d’un petit pont. Par sécurité, une vitesse est enclenchée car le frein à main de l’Ami 8 donne des signes de faiblesse. Nous nous empressons de sortir le matériel de pêche, motivés comme jamais, tout en décidant du parcours que nous nous attribuons. Réflexion faite, Pascal préfère déplacer sa voiture qu’il juge mal stationnée. J’observe la manœuvre du coin de l’œil. Tout se passe en un éclair : d’un bond, l’Ami 8 bascule dans le talus, les feux stops s’allument en vain, la voiture continue sa folle descente, une piste noire à cet endroit là ! Les ronces et hautes herbes volent en éclats, projetées par-dessus la voiture, un vrai bulldozer !
Enfin tout s’arrête, le calme revient, un arbrisseau à stoppé le véhicule à moins d’un mètre de la rivière. L’ultime tentative désespérée de remonter la pente en marche arrière échoue. Pascal coupe le moteur et sort de la voiture en tremblant de tous ses membres. Plus de peur que de mal. Nos regards se croisent et le fou rire nous prend, impossible de nous arrêter… Que s’est-il passé ? Une erreur de manip surement, mais Pascal ne s’étalera pas en détails croustillants, cela reste pour moi encore un mystère ! Que faire ?
Le jour est à peine levé, nous sonnons au portail de la ferme la plus proche. Un volet s’ouvre, une dame visiblement réveillée par nos soins, passe la tête et nous écoute patiemment lui conter notre mésaventure. Compréhensive, elle nous promet d’envoyer son mari nous dépanner avec le tracteur une fois rentré du marché, soit environ dans cinq heures de temps.
Retour à la voiture, au fond du talus cette fois, où nous finissons de nous habiller. Autant allez à la pêche en attendant…Et le miracle se produit. Sur la route principale, un tractopelle passe à toute allure, s’arrête, fait demi-tour et vient à notre rencontre. Le jeune conducteur a compris qu’une Ami 8 beige à cet endroit là, c’était pas logique. Équipé d’un treuil, il nous sortira d’affaire. L’ami 8 n’a pas trop souffert, heureusement d’ailleurs car le séjour n’est pas fini. Un phare éclaire les étoiles, l’autre le bitume ! Un coup d’œil dans le moteur et l’on constate que le ventilateur est intact. Un tour de clé et le moteur démarre comme si de rien n’était, prêt pour de nouvelles aventures…
Je n’ai malheureusement pas de photo de la scène mais le petit pont en question se trouve sur la route D85 en direction de Razecueillé. A cet endroit, le Ger est en gestion privé. Nous sommes revenus pêcher ce coin et contrairement aux fois précédentes, nous avions maintenant un accès à la rivière…

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