Passes ou « Impasses » : les PAP…

Passes ou « Impasses » : les PAP…

L’article L.432-6 du code de l’environnement modifié par la Loi n°2006-1772 du 30 décembre 2006 prévoit que :

« Dans les cours d’eau ou parties de cours d’eau et canaux dont la liste est fixée par décret […] tout ouvrage doit comporter des dispositifs assurant la circulation des poissons migrateurs. L’exploitant de l’ouvrage est tenu d’assurer le fonctionnement et l’entretien de ces dispositifs » en précisant « Les ouvrages existants doivent être mis en conformité, sans indemnité, avec les dispositions du présent article… »

Une « passe à poissons » (PAP) est un dispositif artificiel permettant, en principe, aux poissons de franchir un obstacle, tel qu’un barrage ou un seuil, en leur ouvrant une voie d’eau. Elles sont souvent aménagées pour les poissons migrateurs amphihalins qui ont besoin de migrer (montaison et dévalaison) dans le cadre de leur cycle de développement et/ou de reproduction : c’est notamment le cas des saumons et truites de mer, mais aussi d’autres espèces : anguilles, lamproies, aloses, esturgeons… ou encore les truites, qui cherchent les têtes de bassin pour se reproduire. Mais de nombreuses autres espèces sont concernées, comme le brochet par exemple qui pond dans les prairies inondées et les marais.
Plusieurs types de dispositif existent avec de nombreuses variantes. Les plus courants sont :

Les passes à bassins successifs
Ces passes sont considérées comme les plus appropriées quand plusieurs espèces sont présentes. La hauteur à franchir est divisée en plusieurs petites chutes formant une série de bassins qui communiquent entre eux par des échancrures plus ou moins profondes, des fentes verticales et/ou des orifices noyés pour le passage des anguilles.
Les passes à échancrure s’adaptent à de nombreux cas de figure à condition que les échancrures soient suffisamment profondes. Dans le cas de la truite, les déversoirs ne doivent pas excéder 0,45 m de hauteur.
Celles à fentes verticales sont plus adaptées aux cours d’eau présentant de grandes fluctuations des niveaux mais nécessitent des débits importants. Les passes à orifices noyés présentent quant à elle l’inconvénient de piéger les corps flottants.

Un exemple de passe à bassins successifs à fentes verticales
Un autre exemple, à échancrures déversantes

Les passes à ralentisseurs
Ce type de passe présente un canal en pente où la vitesse du courant est ralentie des déflecteurs de forme plus ou moins complexe régulièrement espacés. Assez sélectives, ces passes ne conviennent qu’aux poissons possédant des capacités de nage et d’endurances élevées (saumon, truite de mer, lamproie). De fait, elles ne sont vraiment adaptées qu’aux cours d’eau de petite ou moyenne importance pour lesquels le débit disponible reste faible. Elles ont également peu d’intérêt lorsque la hauteur de l’obstacle est importante car le dispositif nécessite alors de prévoir des bassins de repos ce qui revient à installer des passes successives. Certains types de passes à ralentisseurs, suffisamment larges, peuvent être également utilisés comme glissières à canoë-kayak.

Une passe à ralentisseurs

Les écluses et les ascenseurs
Pour les ouvrages de hauteur importante, l’installation d’une écluse ou d’un ascenseur est plus facile et généralement moins coûteuse que celle d’une passe classique. Fonctionnant sur le même principe que les écluses à bateaux, l’écluse à poissons s’est souvent révélée peu efficace, présentant l’inconvénient majeur d’un fonctionnement discontinu. On lui préfère le principe de l’ascenseur qui consiste à piéger le poisson dans une cuve au pied de l’obstacle et ensuite déverser en amont. Mais son efficacité est fortement réduite par l’espacement de ses grilles qui ne permettant souvent pas le passage de petites espèces. Ces ouvrages mobiles assez complexes présentent par ailleurs souvent des dysfonctionnements préjudiciables.

Ascenseur à poissons de Tuilière sur la Dordogne

Les passes de  type « rivière artificielle » ou « passe rustique »
La mise en œuvre de ces passes consiste à relier indirectement des biefs amont en aval par un chenal aménagé dans l’une des rives en essayant ainsi de restituer les conditions d’un cours d’eau naturel. La vitesse est réduite par la rugosité du fond, et par une succession de gros blocs, de plots, d’épis ou de seuils en enrochements plus ou moins régulièrement répartis. La pente ne peut dépasser quelques pour cent. Ces passes s’intègrent généralement bien dans le paysage et permettent le passage du plus grand nombre d’espèces. Elles ont par contre un coût avec une longueur souvent importante des chenaux pour maintenir une faible pente.

Passe à plots
Passe « rustique »

Les passes à anguilles
Lors de leurs déplacements, les anguilles sont incapables de franchir des chutes, même de faible hauteur. Les passes à anguilles sont constituées d’une rampe(jusqu’à 45°) équipée de brosses.

Passe à anguilles

Enfin des dispositifs de dévalaison, des sortes de toboggans complètent les systèmes de montaison pour les poissons migrateurs.
La mise en place d’un dispositif de franchissement ne règle pas à elle seule le problème de la libre circulation et les dommages causés aux migrateurs…et ne doit surtout pas laisser penser qu’on peut sans problème multiplier les obstacles. II n’existe d’ailleurs pas un type de passe « miracle ».
Ces ouvrages sont en effet plus ou moins efficaces, voire inefficaces, et doivent être adaptés aux conditions hydrodynamiques et aux différentes espèces : le poisson doit en trouver l’entrée, la franchir sans retard, stress ou blessures préjudiciables à sa migration.
Leur efficacité doit être vérifiée et leur entretien assuré (colmatage par les embâcles, etc.). L’absence ou la perte de fonctionnalité d’un seul dispositif de franchissement peut compromettre à elle seule la colonisation d’un axe migratoire.

Sources :

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