Drôles de plantes !

Drôles de plantes !

Qui n’a pas observé le long des cours d’eau pyrénéens de drôles de plantes colonisant les berges ? Ces plantes allochtones, invasives/envahissantes, ne sont pas sans effets sur le milieu naturel. Outre le fait qu’elles peuvent entraînées la disparition d’espèces indigènes, tant végétales qu’animales, elles peuvent aussi déstabiliser les berges.
Parmi plus d’une centaine d’espèces végétales exotiques considérées comme envahissantes ou à surveiller dans notre région, quelques unes se rencontrent plus particulièrement, parfois en abondance, le long de nos cours d’eau pyrénéens.

Les Renouées asiatiques (Reynoutria Japonica)
Originaire de l’est de l’Asie, la Renouée du Japon (Reynoutria Japonica), comme ses proches parentes, la Renouée de Sakhaline (Reynoutria sachalinensis) et la Renouée de Bohême (Reynoutria x bohemica) a été introduite en Europe au XIXème siècle comme plante ornementale. C’est l’une des plantes les plus envahissantes en Europe. En Midi-Pyrénées, on les rencontre principalement le long des berges des cours d’eau, jusqu’à 1400 m d’altitude. Facilement identifiable, cette plante herbacée se distingue par sa tige creuses à tâches rougeâtres, ses feuilles tronquées et ses petites fleurs blanches en panicules qui apparaissant en septembre-octobre. Extrêmement productive, elle peut émettre en une seule saison des tiges de 3 à 4 m de haut et des rhizomes pouvant s’étendre jusqu’à 10 m en surface et 3 m en profondeur. Elles forment des massifs qui étouffent la végétation des rives par leur densité. Les substances toxiques émises par leurs racines rendent impossibles la repousse des arbres. Leurs tiges meurent en hiver en laissant du sol nu ce qui accentue l’érosion des berges et, emportées par les crues, contribuent à la formation des embâcles.

Les Renouées asiatiques (Reynoutria Japonica)

Les Balsamines asiatiques (Impatiens glandulifera)
Originaires d’Asie, les Balsamines ou Impatiences comptent trois espèces. La Balsamine de l’Himalaya (Impatiens glandulifera) introduite en Europe au XIXème siècle comme plante ornementale et mellifère est signalée pour la première fois régionalement dans la vallée de Luchon en 1911. Elle est particulièrement présente dans le piémont pyrénéen. La Balsamine de Balfour (Impatiens balfouri) s’est « échappée » au tout début du XXème siècle du Jardin botanique de Montpellier et est aujourd’hui bien présente en région. La Balsamine à petites fleurs (Impatiens parviflora) provient du Jardin botanique de Strasbourg en 1870 et sa présence est encore sporadique sur le territoire régional. Les Balsamines sont des plantes annuelles. qui forment des massifs denses en été. Leurs fruits éclatent à maturité en projetant des graines à plusieurs mètres. La Balsamine de l’Himalaya possède une tige creuse, translucide et rougeâtre pouvant atteindre 1 à 2 m. Elle se reconnaît par ses grosses fleurs en forme d’outre et de couleur pourpre, qui fleurissent de juillet à septembre. La Balsamine de Balfour se caractérise par de petites fleurs bicolores, roses et blanches. La Balsamine à petites fleurs est une plante basse, à fleurs jaunes et feuilles dentées. Ces plantes affectionnent particulièrement les milieux frais et riches tels que les berges, les fossés, les lisières, les forêts alluviales et les milieux remaniés… A l’instar des Renouées, les balsamines asiatiques laissent un sol nu en hiver, favorisant l’érosion des berges et la formation des embâcles. Elles privent également les plantes sauvages de leurs insectes pollinisateurs. Leurs graines peuvent aussi être dispersées par l’eau et les oiseaux.

Les Balsamines asiatiques (Impatiens glandulifera)

Le Buddleja de David (Buddleja davidii)
Le Buddleja de David, ou du père David, plus communément nommé Arbre aux papillons est un arbuste originaire de Chine découvert en 1869 par un missionnaire français qui lui a donné son nom. En 1893 des graines ont été envoyées à Louis de Vilmorin. L’arbuste sera par la suite largement cultivé à partir de 1916 pour ses qualités ornementales. Très apprécié, il est toujours commercialisé. Dans la région Midi-Pyrénées, il est mentionné pour la première fois à Bagnères de Luchon en 1937. Il est aujourd’hui particulièrement présent dans de nombreuses vallées pyrénéennes. L’arbuste est très fourni avec des inflorescences lilas de 20 à 50 cm de long, visibles tout l’été. De 2 à 5 m de haut, sa croissance est rapide et sa longévité peut atteindre 20 ans. Il produit des graines dès la première année entre septembre et décembre (jusqu’à 3 millions de graines par pied) qui restent protégées à l’intérieur des fruits jusqu’au printemps. Elles peuvent être véhiculées par le vent et l’eau sur de grandes distances. Cet arbuste opportuniste envahit les milieux perturbés et ouverts, particulièrement les berges de rivières.

Le Buddleja de David (Buddleja davidii)

La Jussie (Ludwigia grandiflora)
Originaire d’Amérique du Sud, la Jussie fut introduite en France au Jardin botanique de Montpellier en 1830. Elles sont aujourd’hui très présentes sur la façade atlantique, notamment dans les pays de Loire. Dans la région Midi-Pyrénées, la Jussie à grande fleurs (Ludwigia grandiflora) est recensée pour la première fois en 1903 en Haute-Garonne. La Jussie rampante (Ludwigia peploides) est signalée en 1919 à Bordeaux et aux abords du Tarn en Aveyron en 1977. Dans la région, on les rencontre sur quelques rivières (Adour aval, Garonne, Tarn) et leurs affluents, ainsi que dans des gravières et étangs du Gers, de Haute-Garonne, du Lot et du Tarn-et-Garonne. Utilisées pour l’ornementation des bassins, les fleurs des Jussies prolifèrent de manière spectaculaire et incontrôlable. Leur commercialisation, leur utilisation et leur introduction dans le milieu naturel sont interdites sur tout le territoire depuis 2007. Très productives, capables de doubler leur poids toutes les 2 à 3 semaines, les Jussies génèrent un herbier composé de longs rhizomes qui peut conquérir intégralement un plan d’eau calme, Les Jussies ont un impact très important sur la biodiversité aquatique et la qualité de l’eau en étouffant la végétation aquatique et en asphyxiant la faune et la flore aquatiques par leurs déchets.

La Jussie (Ludwigia grandiflora)

L’Ailante glanduleux (Ailanthus altissima)
Ailanthus altissima Natif d’Extrême-Orient et volontairement introduit en Europe en 1750 comme plante ornementale, l’Ailanthe a été introduit en France à partir de 1786 pour l’élevage du ver à soie. Dans la région, il est cité pour la première fois en 1922. Il est présent aujourd’hui de manière localisée dans tous les départements de Midi-Pyrénées. Il peut s’installer naturellement dans les milieux remaniés et plus ponctuellement dans les boisements en bord de cours d’eau et en prairie, notamment dans les Hautes-Pyrénées. C’est un arbre robuste à feuilles caduques capable d’atteindre des hauteurs de 15 mètres en 25 ans. L’espèce est principalement disséminée par le vent avec ses graines ailées mais elle se propage aussi par les racines. Il élimine progressivement toute concurrence ligneuse en produisant des substances allélopathiques par ses racines. Son pollen peut déclencher des allergies et sa sève, au contact de la peau, peut provoquer des dermatoses et des accélérations du rythme cardiaque.

L’Ailante glanduleux (Ailanthus altissima)

L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia)
Ambrosia artemisiifolia Originaire d’Amérique du Nord, elle est signalée en Europe dès 1863 et en France en 1865 dans la vallée du Rhône. Elle a été introduite involontairement dans des lots de semences agricoles. Elle est présente aujourd’hui, et en progression, dans tous les départements de Midi-Pyrénées. L’Ambroisie est une plante annuelle pouvant mesurer jusqu’à 2 m de hauteur. Elle est buissonnante avec des épis dressés bien caractéristiques. Elle s’installe surtout dans les terrains dénudés (voies de transport, berges de rivières, friches…) ainsi que dans les cultures de céréales, maïs, tournesol… C’est l’une des plantes exotiques envahissantes les plus problématiques en Europe car elle est responsable de graves allergies. Elle émet en effet de grandes quantités d’un pollen irritant qui provoque et aggrave des allergies respiratoires, oculaires et cutanées pouvant entraîner des complications même à faible dose. Elle fait l’objet d’une surveillance spécifique (http://www.sante.gouv.fr/l-ambroisie-une-plante-sous-surveillance.html).

L’Ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia)

Le Raisin d’Amérique (Phytolacca americana)
Également originaire d’Amérique du Nord, le Raisin d’Amérique est arrivé en Europe en 1650 et en France vers Narbonne en 1765. Sa présence envahissante est signalée dans un bois près de Tarbes en 1809. Il a été introduit comme plante décorative et cultivée comme plante utilitaire : ses fruits ont été utilisés pour teinter le vin, avant que cette pratique ne soit considérée comme une fraude et sa toxicité découverte. Le Raisin d’Amérique ou Teinturier est une plante herbacée vivace de 1 à 3 m de haut à racine tubéreuse. Il se reconnaît facilement à ses grappes dressées de fleurs blanchâtres qui deviennent ensuite penchées sous le poids de petites baies noires et juteuses. Ces fruits, fortement toxiques pour les mammifères, sont consommés par certains oiseaux (étourneaux, merles, pigeons, tourterelles…) qui disséminent les graines. Sa toxicité touche aussi les Gastéropodes et est suspectée de pouvoir impacter la faune du sol et des eaux localement. La plante se rencontre généralement dans les milieux remaniés, dans les cultures de maïs et en milieux naturels, notamment les berges de rivière.

Le Raisin d’Amérique (Phytolacca americana)

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