Le soutien d’étiage : le cas de la Garonne…pourquoi, pour qui ?

Le soutien d’étiage : le cas de la Garonne…pourquoi, pour qui ?

Sur le plan hydrologique, l’étiage d’une rivière correspond au « débit exceptionnellement faible d’un cours d’eau, qu’il ne faut pas confondre avec les basses eaux saisonnières, même s’il en est l’exacerbation« .

« La définition statistique la plus usuelle est le débit caractéristique d’étiage (DCE) calculé sur une longue série (plusieurs années) de débits journaliers classés, débit au dessous duquel l’écoulement descend dix jours par an »

(Dacharry 1996*).

Le soutien d’étiage consiste donc à ajouter au débit trop faible de la rivière un débit supplémentaire obtenu en déstockant l’eau de la retenue du barrage. Ironie de l’histoire, on parle souvent de débit naturel trop faible. Comprend qui veut !

Le PGE du bassin Adour-Garonne

Depuis l’été 1993, après la grande sécheresse des années 1989-1990, la Garonne bénéficie dans le cadre du Plan de Gestion d’Etiage (PGE) de la Vallée de la Garonne et du Bassin de l’Ariège, de réalimentations de soutien d’étiage organisées par le Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (SMEAG). L’objectif est de maintenir un débit de référence permettant l’atteinte du bon état des eaux et au-dessus duquel est satisfait l’ensemble des usages (article L.211-1 du code de l’environnement). Le dispositif s’appuie sur les ouvrages hydroélectriques d’Izourt, de Gnioure, de Laparan et de Soulcem, le lac d’Oô et le réservoir de Montbel qui représentent un volume mobilisable de 51 hm3. Il est mis en œuvre chaque année entre 1er juillet et le 31 octobre.  
Ce dispositif  permet de réduire de moitié les situations de tension autour de la ressource en eau et les restrictions de prélèvements et d’usages mais ne permet pas de garantir à l’heure actuelle les débits d’objectif d’étiage (DOE). Ainsi, avec 90% des stocks utilisés en 2016 (46 hm3), les seuils d’alerte renforcée ont été évités au plus fort de l’étiage, sans restrictions d’usages, mais avec des déficits résiduels importants en hausse : 18,2 hm³ à Valentine, de 11,3 hm³ à Portet-sur-Garonne, de 26,5 hm³ à Lamagistère et de 28,9 hm³ à Tonneins. Pour faire simple, on voit donc ici les limites du PGE avec des stocks qui apparaissent nettement insuffisants. Mais pour qui ?  Pour lutter contre la détérioration du milieu aquatique ? ou plus simplement pour satisfaire les 74 000 hectares irrigués dépendants de la Garonne ?
Sur ce point, on notera que l’irrigation dans le bassin Adour-Garonne représente à elle seule 70 % des prélèvements estivaux (source : Agence de l’eau Adour-Garonne). L’irrigation touche plus particulièrement le maïs, culture notoirement subventionnée dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC) malgré le fait qu’elle n’est pas adaptée à nos climats.

PGE Garonne-Ariège : presque 50% pour l’irrigation !
Cliquer sur l’image pour retrouver le bulletin quotidien du soutien d’étiage de la Garonne

*Dacharry M., 1996 : Dictionnaire français d’hydrologie

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