Achées, boudics, godins, rouges, rougeanes, thalos, vèrmes…

Achées, boudics, godins, rouges, rougeanes, thalos, vèrmes…

Achées, boudics, godins, rouges, rougeanes, thalos, vèrmes … les appellations régionales ne manquent pas pour désigner un ver de terre…et pour cause, y’en a partout !
Les vers de terre se rencontrent dans tous les sols de la planète, excepté dans les milieux les plus arides (désert, région polaire…), où il n’y a pas de végétation. Avec près de 5000 espèces recensées dans le monde, beaucoup étant encore mal connues, on en compte environ 150 en France. Une prairie naturelle peut en contenir entre un et trois millions : c’est la première biomasse animale ! Très dépendants du climat et du type de sol, ils sont classés dans trois grands groupes : les épigés, les anéciques et les endogés.

Vers de terreau (Epigés)

Les épigés comprennent les vers de surface. Ils se nourrissent uniquement des matières organiques de surface (végétaux en décomposition). Parmi eux, on trouve les classiques vers de fumier (Eisenia foetida et Eisenia Andrei) qui ne dépassent pas 15 cm de longueur. Ils sont facilement reconnaissables à leur couleur rosée et leurs anneaux clairs, presque jaunes ainsi qu’à sa forte odeur pour Eisenia foetida (d’où son nom !). Très prolifiques, ces vers sont très utilisés pour le compostage.
Les endogés et les anéciques sont des vers laboureurs. Ils vivent en permanence dans le sol où ils creusent des galeries horizontales et temporaires (endogés) ou subverticales et permanentes (anéciques). Ils se nourrissent essentiellement de terre plus ou moins mélangée à la matière organique. Certains, notamment parmi les anéciques, peuvent atteindre de grandes dimensions, de l’ordre du mètre. C’est le groupe de vers le plus important auquel appartient l’espèce la plus connue : le lombric.

Vers de berge (Eisenia andrei)

Dans le commerce, on trouve principalement des Eisenia fœtida vendus sous l’appellation vers de terreau, des Dendrobaena veneta ou dendros, des Lumbricus terrestris ou vers canadiens ainsi que parfois des Eisenia Andrei ou vers de berge. Leur prix varie selon la variété, les terreaux étant relativement bon marché alors que les vers de berges sont souvent d’un coût élevé.
Leur élevage, lombriculture ou vermiculture, est souvent la solution mais s’il est relativement aisé pour les vers de fumier, c’est beaucoup moins simple pour les classiques lombrics et les vers de berge. Ces derniers sont non seulement moins prolifiques mais ont en plus besoin d’un espace conséquent. La plupart de ceux que l’on trouve dans le commerce sont d’ailleurs issus de ramassages. La solution la plus courante est évidemment de retourner son jardin. Mais il est également possible d’en ramasser, sans trop forcer, dans des prairies naturelles suffisamment humides à l’aide d’un bâton que l’on enfonce dans le sol tout en le secouant énergiquement. Les vibrations auront tôt fait de les faire remonter. Une autre méthode, plus simple et moins fatigante, est de les collecter la nuit équipé d’une lampe torche, les lombrics remontant naturellement le soir à la surface pour se nourrir. L’efficacité de ce ramassage peut-être améliorée en piétinant le sol. Un système encore plus simple consiste à soulever des objets en contact avec le sol. Le pot de fleur est un grand classique car il est souvent source d’une bonne humidité. Les vers de berge peuvent être également récoltés par vibration mais le milieu étant différents de celui des lombrics, la bêche demeure l’outil le plus efficace. On les trouvera en particulier sur les rives des grands cours d’eau de plaine, dans les portions de berge fréquemment ennoyées. Dans la région toulousaine, ces milieux humides portent le nom de « gourgues ». Henri Matisse en a même fait un tableau…mais je ne sais si il ramassait des vers de berge !
Pour conserver ces vers, l’humidité, mais pas trop, la fraicheur et une faible luminosité sont des facteurs importants. On peut également rajouter au substrat (terre ou terreau selon) du marc de café et surtout de la mousse humide qui garantira une meilleure conservation. L’idéal de température se situe aux alentours de 10°C. On peut par exemple les placer, avec discrétion, dans le bac à légumes d’un frigidaire.

Les Gougues (Henri Matisse, 1898)

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