Impact des crues sur les populations de truites farios

Impact des crues sur les populations de truites farios

Débordements de la Neste à Ancizan (juin 2013)

Qu’en est-il de l’impact des crues sur les populations de truites farios ?
En voyant l’importance des dégâts sur certaines rivières, les pêcheurs se posent évidement la question de l’état des populations de truites. Chacun y va de son commentaire, le plus souvent radical et pessimiste. Mais il semblerait que le tableau ne soit pas aussi noir qu’il y paraît !
Nous ne parlerons pas ici des conséquences dites « positives » avec quelques 400 tonnes de truites AEC échappées de la pisciculture Pomarez à Argelès-Gazost qui ont permis une augmentation du nombre de permis et fait le bonheur de certains pêcheurs compulsifs…et des marchands d’article de pêche. Il faut de tout pour faire un monde !

Les crues : bénéfiques à la bonne santé des rivières…
Plus sérieusement, les crues, du moins les crues régulières, ne sont pas à bannir. Il ne faut par ailleurs pas confondre « crue » et « inondation » : la crue, c’est la rivière « pleine » dans son lit majeur ; l’inondation, c’est lorsqu’elle sort de son lit.
Dans un article publié le 4 janvier 2013 dans le blog France 3 Le blog de la Loue et des rivières comtoises intitulé « Comment les poissons vivent les crues ? » Patrice Malavaux, garde pêche de la Franco-Suisse, rappelle :

« une crue régulière est de toute façon indispensable pour la bonne santé de la rivière, c’est une grosse « opération de décrassage », un fort renouvellement de l’eau jusque dans les zones d’ordinaire plus calmes, qui emporte tous les résidus animaux et végétaux morts, les algues, dilue les accumulations de polluants, etc… Enfin elles participent à ce que les scientifiques appellent la « dynamique fluviale », c’est à dire le renouvellement et l’évolution des bancs de graviers, des îlots, des bras morts, autant de zones parmi les plus riches et indispensables à la biodiversité dans la rivière et sur les berges ».

Dans une publication de l’Onema de 207 intitulée  » Le débit, élément-clé de la vie d’un cour d’eau  » on peut également lire :

« Lors d’un suivi de quatre années dans une rivière des Pyrénées (Neste d’Oueil) indemne de tout usage de l’eau, Gouraud (1999) a montré que les effets des crues sur le recrutement en alevins étaient compensés par les dévalaisons de poissons à partir des affluents. »

(V. Gouraud 1999: Etude de la dynamique de populations de truite commune (Salmo trutta L.) à l’aide d’un modèle déterministe : application sur un bassin Bas-Normand et sur un Bassin Pyrénéen, Thèse de l’ENGREF en Sciences de l’eau, 251 p.)

Mais évidement, l’impact des crues dépend de leur intensité, de leur rapidité, des périodes, etc. Pour celles de juin 2013 dans les Pyrénées, d’ordre vicennal, qu’en est-il alors réellement et est-on en capacité de prédire l’avenir ?

Population piscicole : un bilan mitigé
Dans les Hautes-Pyrénées où la Fédération et les AAPPMA ont été très réactifs, 42 inventaires piscicoles par pêche électrique ont été réalisés sur une vingtaine de rivières des trois bassins hydrographiques du département : Neste, Adour et Gave (voir à ce sujet dans le dernier numéro de Pêches en A-G-P, n°40, p.52-53 et communiqué de presse de la FDP65 de février 2014 ).
Le bilan se veut plutôt rassurant avec des effets différents selon les cours d’eau où dans certains secteurs les populations ont pu tout de même être divisées par 2 ou 3 ! Dans d’autres, comme sur la Neste du Louron ou le Gave de Gavarnie, l’impact semble être plus faible. On a quand même du mal à le croire !
Quelques chiffres sont donnés avec :

  • 60 % des secteurs inventoriés présentaient des abondances supérieures à 100 truites pour 100 m de rivière. Une truite par mètre de rivière, c’est à peu près la moyenne habituelle d’abondance observée dans les rivières du département.
  • 21 % des secteurs inventoriés présentaient des abondances comprises entre 50 et 100 truites pour 100 m de rivière.
  • 19 % des secteurs inventoriées présentaient des abondances inférieures à 50 truites pour 100 m de rivière.»

Il semblerait donc que «  les abondances de truites actuelles sont tout à fait de nature à permettre une régénération rapide des populations.  » M. Delacoste conclue ainsi : «  une chose est sûre, il reste «des densités très significatives, tant pour faire redémarrer les populations mais aussi pour redémarrer une saison de pêche qui pourra se pratiquer dans de bonnes conditions « .
Certains en revanche montrent un optimisme plus modéré. Ainsi, Guillaume Barranco, directeur de la FDP 64 déclare dans un article intitulé  » Béarn :les truites en bonne santé, mais les saumons à la baisse  » paru le 6 mars 2014 dans La République des Pyrénées :

 » L’impact des crues exceptionnelles ne pourra être mesurable que d’ici deux à trois ans. En effet, les truites n’atteignent leur maturité (15 à 20 cm), selon les zones, qu’une fois ce délai atteint « .

Mais comme le dit le célèbre aphorisme d’Aristote «  la nature a horreur du vide « . Gageons tout de même qu’elle ne le remplisse pas avec n’importe quoi !

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